Il s'agit de poser à plat toute pensée qui traîne dans la tête, moins pour ne pas en perdre une miette plutôt que pour s'en débarrasser, et laisser l'oubli blanchir la mémoire, pour qu'un commencement soit possible.

INTRODUCTION

« Mon hypothèse de travail était que toute mémoire un peu longue est plus structurée qu'il ne semble. Que des photos prises apparemment au hasard, des cartes postales choisies selon l'humeur du moment, à partir d'une certaine quantité commence à dessiner un itinéraire, à cartographier le pays imaginaire qui s'étend au dedans de nous. En la parcourant systématiquement j'étais sûr de découvrir que l'apparent désordre de mon imagerie cachait un plan, comme dans les histoires de pirates. Et l'objet de ce disque serait de présenter la « visite guidée » d'une mémoire, en même temps que de proposer au visiteur sa propre navigation aléatoire. »[1]

Le travail qui a été déposé sur ce blog rassemble les réflexions et les résultats de recherches et de lectures menées au cours de l'année passée. Elles tournent autour de questions sans réponses, sur la nature de l'architecture, celle de l'espace, le rôle de l'architecte de l'artiste aussi, les limites du domaine dans lequel il exerce, la manière d'habiter. Ce travail n'a pas pour but d'apporter de réponses, mais plutôt de tracer des chemins à l'intérieur de ces préoccupations non pas pour les délimiter, mais pour les rendre toujours plus présentes.
Deux listes ont été tirées de ce travail : une liste des questions qui ont pu être soulevées, précisant ou brouillant les préoccupations de départ, et une liste des thèmes récurrents croisés au fil de l'écriture. Ces thèmes sont les carrefours et les portes des chemins précités, et les quelques lecteurs intrigués sont invités à rentrer dans ce mémoire à-travers eux.
Ce travail n'est donc absolument pas rigoureux. Sa seule rigueur serait d'avoir laissé libre cour à la pensée, et tenter de la suivre partout ou elle allait. Acceptant qu'elle se perde, et acceptant que nous nous perdions avec elle. Malgré cette légèreté, il en résulte une construction ou une reconstruction : des textes écrits en des temps et des atmosphères bien disticts vont se retrouver (grâce à leur classement dans le blog), dans une étrange promiscuité. Ces rapprochements, ces nouveaux voisinages plus ou moins accidentels, ouvriront l'écriture, peut-être.



[1]MARKER Chris, Immermory,CD ROM, centre pompidou, 1998