Il s'agit de poser à plat toute pensée qui traîne dans la tête, moins pour ne pas en perdre une miette plutôt que pour s'en débarrasser, et laisser l'oubli blanchir la mémoire, pour qu'un commencement soit possible.

LE MYSTERE - LA FORME

L’architecture en tant qu’objet, forme matérielle, ne doit-elle être pensée autrement que directement par et à-travers la forme ?
Toutes intentions visant à utiliser l’architecture comme « machine » à provoquer des sentiments, à mettre en place des conditions de vie propice à la création, au développement personnel sont-elles vaines ?
Peut-on occulter l’aspect sensible de l’architecture au moment de sa conception alors qu’elle va -avant tout- provoquer ces effets sur son utilisateur (en tant qu’elleva être pacourue, vécue)?
Est-ce parce que une part de l’espace demeure « indicible » qu’on ne peut avoir aucune prise sur lui ?
Peut-on en tant qu’architecte condamner ces effets et les réduire définitivement à l’aléatoire sous prétexte que de par leur nature ils sont arbitraires ?
Ne peut-on pas tout de même tenter de les orienter ?
Si l’on réduit chaque objet à sa forme et à sa structure, en en livrant une analyse rationnelle, il subsistera toujours une part d’arbitraire (Gödel).
Où se situe la part de création dans cette démarche ?


Peut-être faut-il poser la question autrement :
Quelle part d’incertitude peut-on prévoir ? Si ce qui fascine parfois lorsqu’on vit/habite un bâtiment c’est l’effet qu’il nous fait, alors qu’il n’est que matière mise en forme, dans une certaine mesure et dans certaines proportions, ne peut-on prévoir quelque chose de cet effet, si ce n’est cet effet lui-même ?

En physique atomique, cherchant à décrire le mouvement des électrons autour du noyau à l’aide d’un modèle proche de celui utilisé pour décrire le mouvement de planètes autour d’une étoile, les physiciens se heurtèrent à une impasse. (Même si le modèle était visuellement une métaphore efficace). Ils établirent une grandeur : la densité de probabilité de présence. Si l’on ne pouvait situer avec précision la position d’une particule, on pouvait déterminer la chance qu’elle se trouve dans telle zone plutôt qu’une autre.
La pensée de Descartes semble ne plus être de mise. Montaigne, Pascal ont une pensée du doute, qui s’accorde mieux de nos jours avec la situation d’incertitude dans laquelle nous vivons, et doivent permettre de faire des choix dans une telle situation, où tout est devenu flux, où plus rien n’est tangible.
« Nous sommes en train de changer d’élément »
Faut-il penser des formes floues ? des formes flux ? des formes qui ne correspondent plus à la terre mais à l’eau/la mer ?
Ou bien faut-il penser de manière incertaine les formes ?

Cette incertitude, cet aspect « indicible » de l’espace peuvent-ils être travaillés ?
On ne vise pas une cible en mouvement de la même manière qu’un tas de paille.